À Hong Kong, la loi sur la sécurité nationale est votée et met fin au principe « un pays, deux systèmes »

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« L’imposition par Pékin d’une loi sur la sécurité nationale à Hong Kong a effectivement transformé le cadre ‘un pays, deux systèmes’ de Hong Kong en ‘un pays, un système’. Il fait suite à l’érosion incessante des libertés et des droits garantis au peuple de Hong Kong par la Chine depuis le transfert de souveraineté en 1997. »

Hong-Kong vient de vivre un moment historique. Ce matin, un jour avant le 23ème anniversaire de rétrocession de Hong Kong à la Chine, la très controversée loi sur la sécurité nationale a été votée à l’unanimité. Elle devra désormais être approuvée par le Comité du droit fondamental de Hong Kong, probablement demain.

Officiellement, la loi est censée « prévenir et à arrêter les actes considérés comme menaçant la sécurité nationale ». L’agence de presse officielle Xinhua expliquait qu’elle visait à criminaliser les actes de subversion, de sécession, d’ingérence étrangère et de terrorisme. Mais pour ses opposants, il s’agit d’une entrave aux « libertés » et à « la dissidence politique ». Des manifestations pro-démocratiques s’y opposent d’ailleurs depuis des mois, parfois même malgré la violence gouvernementale.

Carrie Lam, cheffe de l’exécutif de Hong Kong, a défendu le choix de Pékin d’imposer cette législation à Hong Kong. Elle l’estime justifié par l’escalade de la violence « attisée par des forces extérieures » et par la menace « terroriste ». Elle dénonce la radicalisation de la jeunesse.

Si le texte intégral de la loi n’a pas encore été révélé, on connait déjà les risques encourus par le non-respect de celle-ci, de trois ans de détention à la prison à perpétuité. Des suspects pourraient également être extradés pour être jugés en Chine continentale.

Les manifestants se disent désormais « prêts pour la bataille ». La marche annuelle pro-démocratie devait avoir lieu demain. Elle a été interdite par la police. Une décision critiquée par ses organisateurs, le Civil Human Rights Front, qui comparait aujourd’hui au tribunal pour faire appel de cette décision. Un de ces membres, Figo Chan, relayait dans la presse des appels à « sortir le 1er juillet » afin de s’opposer à cette loi. S’ils sortent, ils seront face à 3 à 4000 policiers qui seront déployés dans les rues.

Les manifestants pro-démocratie hongkongais ne sont pas seuls dans leur combat. 83 politiciens, militants et organisations ont co-signé une déclaration condamnant l’adoption de cette nouvelle loi. Parmi eux 25 conseillers de district de Hong-Kong, ainsi que des groupes de défense des droits humains de 13 pays, dont la France avec l’organisation « Le Comité pour la liberté à Hong Kong ».

Les signataires appellent « la communauté internationale à se tenir aux côtés de Hong Kong pour défendre les libertés fondamentales, les droits de l’homme, l’état de droit et l’autonomie de la ville ».

Ils s’inquiètent de la non-conformité de la loi sur la sécurité nationale avec la législation en cours.

« La législation ne définit pas clairement les infractions pénales qu’elle prétend réglementer et renforce de graves inquiétudes quant au fait qu’elle ne sera pas conforme à la Loi fondamentale de Hong Kong, à la Déclaration des droits de Hong Kong et au Pacte international relatif aux droits civils et politiques ( ICCPR). »

C’est la fin, selon eux, du principe « un pays, deux systèmes ».

« L’imposition par Pékin d’une loi sur la sécurité nationale à Hong Kong a effectivement transformé le cadre ‘un pays, deux systèmes’ de Hong Kong en ‘un pays, un système’. Il fait suite à l’érosion incessante des libertés et des droits garantis au peuple de Hong Kong par la Chine depuis le transfert de souveraineté en 1997. La violation flagrante par la Chine de ses obligations internationales, en particulier celles de la Déclaration conjointe sino-britannique de 1984, a gravement entamé la confiance dans sa volonté d’être un acteur mondial responsable dans le cadre de l’ordre international fondé sur des règles. »

Ils appellent la communauté internationale à contrôler les actions de la Chine, par l’envoi entre autres d’observateurs indépendants dans les prochains mois. Ils réclament des « canots de sauvetage » de la part des États démocratiques afin « d’offrir une voie de sécurité, en dernier recours, aux Hongkongais confrontés à des persécutions politiques et de soutenir leurs efforts courageux pour résister à la répression de leurs libertés fondamentales ».

Ils encouragent également à mener des actions dans le cadre des accords commerciaux qui devraient « être conclus en tenant compte de l’autonomie de Hong Kong et des libertés de son peuple » et inclure « une clause relative aux droits de l’homme ». Ils évoquent même la possible délocalisation des « lignes de production et des bases d’opérations vers d’autres pays démocratiques afin de réduire la dépendance économique vis-à-vis de la Chine ».

Leur conclusion porte sur la nécessaire unité internationale.

« L’unité internationale avec un changement de paradigme de stratégie sur la Chine est essentielle pour maintenir l’ordre international fondé sur des règles et défendre les valeurs universelles des libertés, des droits de l’homme et de l’État de droit. Ce n’est qu’à travers un ensemble holistique de réponses de principe et concrètes des démocraties libérales que nous pourrons dissuader de nouvelles transgressions de la part du régime autoritaire chinois. »

La loi sur la sécurité nationale devrait être promulguée ce soir, selon Carrie Lam.

M.C.

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